Lors d'un séjour à Rome, il est fréquent de se rendre au Vatican pour admirer les merveilles qu'héberge la basilique Saint-Pierre et visiter les musées voisins, où se trouve la fameuse chapelle Sixtine peinte par Michel-Ange. On croise alors la route de gardes affublés d'un étrange accoutrement coloré, postés autour de la place Saint-Pierre et dans les lieux accessibles au public. Il s'agit de la garde pontificale, et tous ses membres sont suisses, depuis le XVIe siècle.
Les mercenaires suisses, des guerriers redoutés depuis le XVe siècle
On prête aujourd'hui à la Suisse une position de neutralité dans les conflits internationaux, datant du XVIIe siècle. Avant cela, ses mercenaires choisissaient simplement d'offrir leurs services aux pays proposant la rémunération la plus élevée, pour guerroyer au sein de diverses armées étrangères.
Les combattants gagnèrent ainsi rapidement la réputation d'excellents guerriers, appliquant une stratégie anti-cavalerie, avec de longues piques pour armes et des formations très compactes, stratégie qui participa à la fin des combats à cheval, emblématiques du Moyen Âge. Ils vont s'illustrer à de nombreuses reprises, notamment lors de la prise de Naples par le roi de France Charles VIII en 1494, puis consécutivement au cours de la période des Guerres d'Italie, ce qui va attirer l'attention du Pape d'alors : Jules II.
Jules II et la formation de la garde pontificale
Dès 1505, le Pape Jules II sollicite la Suisse en lui demandant d'envoyer une garnison d'environ 200 soldats pour assurer sa protection, dans une période troublée où il est une cible de choix. Une décision logique, puisque ces mercenaires sont alors les plus réputés de toute l'Europe. Le contingent choisi débarque sur la Piazza del Popolo de Rome, le 22 janvier 1506, ce qui marque la fondation officielle de la garde suisse.
Leur fonction est de défendre les Papes contre toute attaque, au péril de leur vie, ce qu'ils feront parfaitement lors du sac de Rome de 1527 par les troupes de l'empereur Charles Quint. Le 6 mai 1527, la garde suisse sera décimée – avec 147 soldats tués lors de l'attaque – mais les survivants parviennent à mettre le Pape Clément VII en sécurité au sein du château Saint-Ange, où il restera durant six mois.
Depuis ce jour, la date du 6 mai correspond au jour du serment des nouvelles recrues, lors d'une cérémonie qui se tient dans la cour San Damaso et à laquelle il est possible d'assister.
La Garde suisse aujourd'hui, une attraction phare de Rome
La Garde suisse occupe toujours ce rôle de protectrice du Pape, mais partage désormais cette fonction sécuritaire avec la gendarmerie de l'État de la Cité du Vatican. Depuis les accords du Latran de 1929, c'est la police italienne qui est en charge de la surveillance de la Place St-Pierre.
Elle constitue aujourd'hui la plus petite armée au monde (au sein du plus petit pays au monde !) avec un effectif qui ne se compose en effet que de 135 membres, tous issus d'un recrutement très spécifique. Elle comptait 110 hommes dans les années 1980/1990, mais ce chiffre a été revu à la hausse en 2015, à la suite des attentats à Paris.
Pour s'engager au sein de la garde pontificale, il faut avoir la nationalité suisse et faire partie de l'armée suisse. Les postulants, tous volontaires, doivent avoir entre 19 et 30 ans, être célibataires et mesurer 1,74 mètre au minimum. Ils doivent être de confession catholique et des pratiquants confirmés, parler allemand (car c'est la langue officielle de la garde suisse) et prêter serment pour au moins deux ans.
Les heureux élus bénéficient alors d'un contrat avec une rémunération mensuelle de 1200 euros nets, qui s'accompagnent de règles strictes telles qu'une extinction des feux à minuit ou l'interdiction de dormir hors du Vatican. Ils obtiennent en outre le droit de porter l'uniforme et le béret de rigueur ou un casque à deux pointes, symboliques du prestige de cette fonction.