L'histoire de la tarte Tropézienne mêle immigration, cinéma populaire et talent pâtissier. Autant de facteurs qui ont contribué à faire de ce dessert gourmand un incontournable de la Côte d'Azur, que des milliers de visiteurs se pressent de goûter lors de leur villégiature à Saint-Tropez. Mais sans Brigitte Bardot, le destin de cette brioche sucrée aurait pu être totalement différent. Découvrons ensemble les origines de ce dessert légendaire, qui souffle ses 70 bougies en 2025.
De la Pologne à Saint-Tropez
Tout commence en 1952, quand le chef pâtissier Alexandre Micka quitte sa Pologne natale pour rejoindre la Côte d'Azur. En 1955, il ouvre une boulangerie devant la mairie de Saint-Tropez, village de pêcheurs encore inconnu du grand public, pour vendre des pains, des viennoiseries et une tarte sucrée garnie de crème pâtissière et de crème au beurre, saupoudrée de sucre perlé.
Il aurait créé cette brioche gourmande en s'inspirant d'une recette de grand-mère polonaise, à laquelle il ajoute une généreuse garniture de crèmes. Si le dessert plaît déjà, un événement va bouleverser sa destinée : le tournage du film "Et Dieu créa la femme" à Saint-Tropez en 1956.
Tourné sur « le site admirable du petit port de Saint-Tropez », comme le mentionnera la bande-annonce du film, l'œuvre de Roger Vadim transformera le visage de la ville à tout jamais et fera exploser la notoriété de la jeune Brigitte Bardot, qui deviendra un sex-symbol et une icône de la femme libérée pour les deux décennies à venir. L'élément décisif ? BB est gourmande et elle va tomber sous le charme de cette tarte qui ne porte pas encore de nom.
Brigitte Bardot comme marraine
Tous les matins, Alexandre Micka apporte les délices sucrés qu'il prépare sur le lieu de tournage et c'est comme ça que Brigitte Bardot va faire connaissance avec la fameuse tarte. Elle partage sa découverte avec toute l'équipe et s'implique même jusqu'à choisir un nom pour cette pâtisserie : la Tarte de Saint-Tropez.
Finalement, le chef opte pour Tarte Tropézienne, et c'est ainsi qu'est né ce qui est encore aujourd'hui l'un des desserts les plus célèbres de France. Brigitte Bardot en devient la marraine officieuse et les passions déchaînées par ce film, sujet à polémique à l'époque, font d'elle une star internationale et impacteront la destinée de la tarte.
Le village de Saint-Tropez entame sa métamorphose, passant d'un lieu connu et apprécié par un cercle restreint de personnes à une station balnéaire prisée par les artistes de la Nouvelle vague, avant de devenir l'une des villes favorites de la Jet Set.
Si le paysage a changé depuis 1955, que des yachts et des hôtels de grand luxe ont pris place dans le décor, la Tarte Tropézienne est toujours là, prête à satisfaire les envies des gourmands de passage.
Un succès international, une marque déposée
Alexandre Micka dépose le brevet pour sa Tarte Tropézienne en 1972 et sa recette officielle est encore bien gardée de nos jours. On trouve bien sûr des imitations, sous le nom de Tropézienne, mais les originales, on ne peut les déguster que dans les boutiques agréées.
Entre 1985 et 2025, les ouvertures de pâtisseries sous l'enseigne "La Tarte Tropézienne" se multiplient, avec la possibilité d'être un franchisé, et la marque compte actuellement 31 points de ventes, rien que sur la Côte d'Azur. Toutes les tartes et leurs dérivés miniatures sont préparés dans le laboratoire de Cogolin (à 10 km de Saint-Tropez) puis distribuées dans les boutiques de la marque.
Le propriétaire actuel, Albert Dufrêne, qui a aidé Micka à étendre son entreprise dès 1985, a déposé le brevet "La Tarte Tropézienne" dans plusieurs pays, ce qui laisse à penser que le dessert pourrait un jour être vendu ailleurs que dans les environs de Saint-Tropez, Nice, Marseille ou Cannes. En attendant, pour la goûter, vous savez où aller !
