Série télévisée événement, "The Crown" (La Couronne, in french) nous a fait vibrer sur Netflix entre 2016 et fin 2023, au rythme de la vie de la famille royale d'Angleterre, depuis le mariage de la princesse Élisabeth en 1947. Elle a couvert la vie de la reine Élisabeth II à raison d'une décennie par saison, pour se refermer le 14 décembre 2023 sur la période 1997-2005. Quels sont les faits marquants à savoir ? Le scénario est-il réaliste ? Levons ensemble le voile.
The Crown, les origines
Cette série télévisée américano-britannique a été créée par Peter Morgan et produite par Stephen Daldry. La diffusion de son premier épisode remonte au 4 novembre 2016 sur Netflix. Peter Morgan est connu pour sa spécialisation dans la scénarisation de faits historiques, tant pour la télévision ("The Jury"), que pour le cinéma ("Le dernier roi d'Écosse") ou le théâtre ("Frost/Nixon"). La série "The Crown" est directement inspirée du film "The Queen" de Stephen Frears, sorti au cinéma en 2006 et dont Morgan était le scénariste, ainsi que de la pièce de théâtre "The Audience", dont il est également l'auteur.
Cette saga a été initialement prévue pour durer 6 saisons, à raison de 10 épisodes par saison, soit 60 en tout. Mais début 2020, Peter Morgan annonce qu'il n'y en aura finalement que 5. Heureusement pour les amateurs, il est finalement revenu sur sa décision en juillet de la même année et ce sont bien 6 saisons qui ont été proposées au public.
Une saison, une décennie
Ce sont donc 60 années de la vie d'Élisabeth II qui sont passées en revue dans ce biopic, à raison d'environ 10 chaque saison. La première saison couvre la période 1947-1956. Elle s'ouvre sur le mariage de jeune princesse Élisabeth avec le prince Philip et se finit sur la rupture de sa sœur Margaret avec Peter Townsend. La seconde couvre la période 1956 à 1964, depuis la crise du canal de Suez jusqu'à la naissance du prince Edward. La troisième saison couvre la période 1964-1977, et les deux mandats du Premier ministre Harold Wilson.
La quatrième s'étend de 1977 à 1990. Elle couvre les deux mandats de Margaret Thatcher (1979-1990) et le fastueux mariage du prince Charles avec la princesse Diana en 1981. La saison suivante couvre les années 1990-1997. Cela correspond au mandat du Premier ministre John Major. Elle traite notamment du fameux « annus horribilis » qu'a été 1992 pour la reine : séparation de trois de ses enfants d'avec leur conjoint et incendie du château de Windsor.
Enfin, la dernière saison porte sur la période allant de 1997 à 2005. Elle s'ouvre sur les semaines précédant directement la mort de Lady Diana, et englobe la période de la mort de la princesse Margaret et de la reine mère à quelques mois d'intervalle en 2002.
Imelda Staunton, Olivia Colman et Claire Foy se partagent le rôle de la reine
The Crown, entre fiction et réalité historique
Chacun loue la fidélité historique du récit de la vie de la reine Élisabeth II. Sourcé et étayé, il est réputé constituer une biographie fidèle. Ce qui n'a pas empêché le scénariste de prendre quelques libertés avec la réalité sur certains plans. D'une part, parce que toute adaptation à l'écran réclame des ajustements afin d'être visuelle et compréhensible. Le récit serait plat et dépourvu de saveur sans cela.
D'autre part, parce que les détails de la vie privée des personnalités nous sont parfois inconnus. Mais introduire une petite histoire dans la grande peut ajouter du piquant sans nuire à la réalité historique. À l'instar du moment où Kate et William se rencontrent, alors que Diana vendait le magazine "The Big Issue". Ce qui est pure invention.
Nonobstant, le personnage de la reine, ses visions politiques et ses engagements sont fidèlement retranscrits. De même que l'ensemble des événements couverts par la série. Doland McCabe, le chargé de communication de la reine, a précisé que la famille royale n'exprimerait jamais son point de vue concernant la fidélité de la série.
La qualité de la série reconnue par tous
Les séries sur la vie des ultra-riches passionnent. Mais elles ne rivalisent pas toujours avec la qualité de "The Crown". L'écriture, la réalisation, la photo, de même que l'interprétation de la série ont fait l'objet d'innombrables éloges.
Elle a d'ailleurs reçu plusieurs prestigieuses récompenses, parmi lesquelles deux Screen Actors Guild Award de la meilleure actrice pour Claire Foy, et un du meilleur acteur pour John Lithgow. La série a été nommée vingt-six fois aux Primetime Emmy Awards pour ses deux premières saisons. Dont deux fois comme meilleure série télévisée dramatique.
Olivia Colman interprète la reine dans la saison 3 de The Crown
Une distribution de haute volée
Pour couvrir six décennies de la vie de la famille royale, il a fallu, c'est logique, un casting impressionnant. Les personnages principaux ont donc été interprétés par des acteurs différents au fil du temps, changeant toutes les deux saisons. Afin de faire correspondre leur âge aux personnages qu'ils incarnaient, bien sûr.
Parmi les interprètes qui ont particulièrement marqué le public, citons en premier lieu Claire Foy, qui a magnifiquement incarné la reine durant les deux premières saisons. Ce qui lui vaudra de nombreuses distinctions personnelles. Le Golden Globe de la meilleure actrice dans une série dramatique, le Primetime Emmy Award, et également, comme évoqué plus haut, le Screen Actors Guild Award. Son rôle fut une révélation qui lui ouvrira par ailleurs les portes de Hollywood.
C'est Matt Smith qui donne la réplique à Claire Foy dans ces deux saisons. Le onzième docteur de la célèbre série "Doctor Who" y interprète en effet le prince Philip. Incarnant la reine à partir de la cinquantaine, Olivia Colman a relevé le difficile défi de succéder à Claire Foy. Elle a remporté un Golden Globe pour son interprétation. Parlons de Verity Russell, interprétant Élisabeth lors des flashbacks de sa jeunesse. Savez-vous que ce rôle est le seul qu'elle ait jusqu'ici jamais tenu ?
Parmi les anecdotes marquantes, notons également la mésaventure de Senan West. Jouant le prince William dans la sixième saison, il a dû laisser à contrecœur sa place à Rufus Kampa, sur demande expresse de son père, Dominic West. Celui-ci interprétait ni plus ni moins que le prince Charles dans la série, et refusait de jouer avec son fils la scène où il annonce à William la mort de Diana.
Une série addictive dont le public attend la suite
La famille royale d'Angleterre fascine depuis des générations. Elle est sous les feux des projecteurs en permanence, pour le meilleur et pour le pire. Lady Diana en a payé le prix le plus fort, morte pour avoir tenté d'échapper aux paparazzis.
De façon tout à fait logique, "The Crown" a eu un succès colossal. Il faut savoir que la série a eu une cote d'écoute supérieure à celle du mariage du prince Charles avec Diana Spencer, ce qui n'est pas rien. Le règne d'Élisabeth II fut de 70 ans, 7 mois et 2 jours, le plus long pour une reine, s'arrêtant à sa mort, en 2022. Il faudra sûrement attendre la prochaine génération de souveraines pour éventuellement l'égaler.
Le récit s'arrêtant en 2005, chacun spécule sur la sortie d'une éventuelle saison 7, bien que celle-ci semble peu probable, malheureusement pour les addicts. Son producteur a en revanche laissé sous-entendre qu'un spin-off était éventuellement envisageable. Il reprendrait des personnages de la série sous-exposés et, selon ses dires, « des événements assez kitsch ». De quoi mettre l'eau à la bouche des inconditionnels de la série.
Dans l'attente, il reste aux plus fans la possibilité de revoir la série dans son entier, et, pourquoi pas, de découvrir le film "The Queen", si ce n'est pas déjà fait.
