Le château d'Armainvilliers est connu pour avoir appartenu au roi Hassan II du Maroc, puis à son fils Mohammed VI. Mais ce que l'on sait moins, c'est que cette bâtisse totalement extraordinaire a une histoire qui remonte au XIIe siècle. Bien qu'elle fut totalement rasée au XIXe. Bref, c'est surtout de la version contemporaine dont nous allons parler aujourd'hui. Car, de fief ancien, il est devenu une demeure "moderne" à la fin du XIXe siècle, par la volonté d'Edmond de Rothschild.
Le fief d'Armainvilliers : petit historique
C'est sur les communes de Tournan-en-Brie et de Gretz-Armainvilliers, en Seine-et-Marne, que s'étend ce vaste domaine. Les premières mentions de son existence remontent au XIIe siècle et il aurait donné refuge à François 1er en 1544 lors de la guerre dite « de Quatre Ans » qui l'opposait à Charles Quint.
Résidence des seigneurs de Tournan et de Gretz-Armainvilliers, il est partiellement détruit pendant la Révolution. Durant la Restauration, il est acquis par un agent de change puis passe aux mains de la duchesse douairière d'Orléans. C'est ensuite la famille Larochefoucauld-Doudeauville qui le restaure, y installant des boiseries issues du château de Bercy. Le parc est alors aménagé.
Puis, en 1877, il est acquis par le baron Edmond de Rothschild, qui le fait entièrement raser pour moderniser les lieux. Lui sont adjoints des pavillons de garde, des fermes au style normand, une orangerie à l'anglaise, d'immenses communs. Le baron dispose de tout l'espace nécessaire pour agrandir son domaine, sur les 1 000 hectares dont il dispose.
L'aménagement du jardin est confié à l'architecte paysagiste Elie Lainé. Transformé en infirmerie pendant la Première Guerre mondiale, le domaine est occupé par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale.
Fin du XXe siècle, nouveau propriétaire et nouveaux aménagements
Dans les années 1970, le château d'Armainvilliers, resté si longtemps propriété des Rothschild, passa aux mains du roi du Maroc d'alors, Hassan II. Il y effectua ensuite de nouvelles transformations. Ce lieu déjà surprenant va devenir totalement incroyable. En effet, ce domaine d'allure plutôt bucolique, aux pierres apparentes et toitures multiples, était déjà étonnant par sa superficie, son nombre de pièces et ses nombreux bâtiments, lorsqu'il est une nouvelle fois totalement restauré. C'est le fils du roi Hassan II et actuel roi du Maroc, Mohammed VI, qui en a hérité, avant de le vendre pour la somme de 200 millions d'euros en 2008. L'acquéreur est resté secret, mais il se murmure qu'il s'agirait du roi de Bahreïn, Hamman Ben Issa Al Khalifa.
En 2024, des rumeurs de mise en vente à un prix pharaonique (425 millions d'euros) ont circulé, mais ont été démenties par la suite.
Le domaine d'Armainvilliers, démesurément grand
Il est pratiquement certain que ceux qui ont la chance de visiter ce domaine sont frappés par le mélange des genres. D'un côté, un extérieur de style normand, relativement original avec ses différents corps formant une sorte de point d'interrogation, ses toitures incroyablement nombreuses et ses petites tours rondes éparses, mais se fondant néanmoins bien dans son environnement.
De l'autre côté, un intérieur totalement exotique, redécoré dans le style marocain, à grand renfort de luxe extrême. La bâtisse comporte une centaine de pièces. Pour rappel, cette merveille se situe à deux pas de Paris, dans un écrin de verdure de 1 000 hectares, sans compter son étang d'un kilomètre de long.
Armainvilliers, un vrai palace marocain
C'est à l'architecte Michel Pinceau que la rénovation a été confiée. Le roi Hassan II n'a pas lésiné sur les moyens pour en faire la demeure la plus incroyable qui soit. Les authentiques zelliges dont il est doté viennent directement de la ville de Fès, au Maroc.
Le château d'Armainvilliers a été rénové dans le plus pur style marocain, depuis les salons jusqu'aux 17 chambres à coucher qui n'ont rien à envier à celles des plus beaux palaces. Le goût du somptueux et de l'extravagance du roi alaouite transparaît à tous les étages.
Outre ses très belles chambres situées aux étages supérieurs et auxquelles on accède par trois ascenseurs, la bâtisse comporte cinq salons dont des salons de réception. Par ailleurs, s'y trouvent également un salon de coiffure, un hammam, des salles à manger traditionnelles et un complexe médical, comprenant entre autres une salle d'examens, un cabinet dentaire, une pharmacie et un laboratoire d'analyses.
Son sous-sol, auquel on accède par un tunnel de livraison surnommé "le métro", regorge de surprises lui aussi. S'y trouvent des cuisines, tant marocaines qu'européennes, des épiceries, légumeries et chambres froides. Le tour du propriétaire ne serait pas complet sans évoquer le jardin d'hiver et les écuries pouvant accueillir une cinquantaine de chevaux.
La valeur du château reste floue, mais elle est certaine
Autant d'extravagance ne peut qu'alimenter les spéculations et les rumeurs, d'où certainement celle ayant couru sur sa valeur. Si un jour il est bel et bien mis en vente, le prix laissera dans tous les cas probablement songeur. Ne serait-ce que par les sommes colossales injectées dans sa transformation, tout comme sa superficie hors norme pour un domaine privé aussi proche de la capitale, parions qu'il est réellement parmi les domaines les plus chers de France, voire au-delà. Un récent passage dans une émission immobilière laissait entendre la somme de 180 millions d'euros.
Ce qu'il faut savoir, c'est que les ventes de ce type sont généralement très discrètes. Le battage médiatique ne seyant pas à ce genre de transaction, le domaine changera peut-être de main sans que personne n'en soit informé. Du moins au moment où elle se réalisera. Peut-être même cela a-t-il déjà été le cas...