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Les secrets des jockey clubs : découverte d'un monde très select

Auréolés d'un certain mystère dû à leur caractère très sélectif, ces clubs jouent un rôle-clé dans la finance comme dans le prestige. Que vous soyez amoureux des chevaux, adepte des paris sportifs ou simplement curieux, en voici tous les secrets.

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Les secrets des jockey clubs : découverte d'un monde très select

Leur fonction première était la préservation des chevaux de race. Ce qui est toujours l'essentiel de leur activité dans certains pays. Néanmoins, certains jockey-clubs sont devenus bien plus que ça. Véritables institutions où l'on ne peut entrer que par parrainage, s'y traitent de grands enjeux financiers bien éloignés du domaine hippique. Entre événements mondains, entre-soi masculin et discussions d'affaires, voici les petits secrets de ces clubs très fermés, en particulier celui de Paris.

La fonction initiale d'un jockey-club

De nombreux pays ont leur jockey club. Ces cercles ont été créés à l'origine pour l'amélioration de la race chevaline et l'organisation et la gestion des courses hippiques. La majorité a vu le jour au 19e siècle. D'autres sont très récents, comme "The Jockey Club of Canada", fondé en 1973, ou encore le "Jockey Club du Québec" en 2009.

Ils ont différents statuts selon les pays, mais sont, dans la plupart des cas, des organismes associatifs. Leur préoccupation demeure la conservation de la race chevaline et des chevaux de course, mais aussi la gestion de courses elles-mêmes. Mais ils développent de nombreuses autres activités, très diverses selon le jockey club.

Créé en 1894, le "Jockey Club des États-Unis" reste garant du Stud-Book (registre d'élevage) américain, qui est l'unique répertoire de référence. Son activité est centrée autour de l'industrie du cheval de course. Certains ne dissimulent nullement leur poids financier et commercial, à l'instar du "Jockey Club de Hong Kong". Mais en parallèle, celui-ci contribue à des œuvres de bienfaisance dont profite la ville. Néanmoins, sur le vieux continent, certains de ces cercles revêtent un aspect tout à fait particulier. Peut-on dire même un peu poussiéreux ?

Jockey Clubs européens et aristocratie

A la création des jockey clubs, c'est l'Angleterre qui a ouvert le bal. La fondation officielle du cercle date de 1750, certains la fixent néanmoins plus tôt, en 1720. Le ton est donné dès le départ : seule la haute société y est admise. Et le jockey club est considéré comme un gentlemen's club, les femmes en étant évidemment exclues.

Co-gestionnaire assurant la régulation des courses jusqu'en 2006, il a depuis passé la main. Le jockey club britannique exploite 15 hippodromes. Ses activités s'étendent par ailleurs à une société de gestion immobilière et foncière, la Jockey Club Estate, et il possède le Haras National. Enfin, il gère une association de bienfaisance à destination des personnes travaillant dans le milieu des pur-sang.

Ailleurs en Europe, des cercles du même type ont été créés : "Jockey Club für Österreich" en Autriche, "Jockey Club d'Italie"… Tous ont un point commun, celui d'avoir vu le jour grâce à des aristocrates. Aux 18e et 19e siècles, ainsi qu'au début du 20e, l'équitation et les courses hippiques, tout comme le polo d'ailleurs, étaient le domaine réservé des classes les plus aisées. Ce sont donc des cercles aristocratiques très fermés.

Il en a résulté des usages et codes vestimentaires très stricts, marquant l'origine sociale des sociétaires. Au "Jockey Club de Grande-Bretagne", le dress code sur les hippodromes a été abandonné en février 2023 seulement. Des usages ultra-chics sont également conservés au "Jockey Club de Paris", l'un des cercles les plus huppés de France.

Le Jockey Club de Paris, un cercle séculaire très sélect

Initialement appelé "Cercle d'Encouragement", le jockey club parisien a été fondé en 1834 par la Société d'encouragement pour la race chevaline, elle-même créée l'année précédente. Les premières courses ont été organisées à Chantilly, où il s'en tient d'ailleurs toujours aujourd'hui.

À l'origine de cette initiative, se trouvaient : le dandy Henry Seymour ; Ernest Leroy ; Jules Fasquel (le fondateur du haras de Courteuil) ; Charles Laffitte ; Joseph Rieussec ; Maxime Caccia (un officier piémontais) ; le comte de Cambis ; le comte Demidoff ; le comte Adolphe de Vaublanc ; le duc de Guiche ; le chevalier Machado ; le prince de la Moskowa ; le comte Delamarre et Anne-Édouard Denormandie. Comme on peut le constater, beaucoup de nobles, mais également des banquiers, des hommes politiques et des hommes d'affaires.

Le cercle œuvre aujourd'hui sous la forme juridique d'une association et siège au 2, rue Rabelais dans le 8e arrondissement de Paris, non loin de Matignon et face à l'Ambassade d'Israël. À deux pas de l'Élysée et des plus beaux palaces que compte Paris et d'autres cercles très sélects tels le "Traveller's" ou le célèbre "Automobile Club de France", mais également le "Lagardère Racing" ou encore "Le Siècle". Il est présidé depuis 2014 par Roland Charles Marie Le Gras du Luart de Montsaulnin, marquis du Luart. Aristocrate et homme politique, il a notamment été sénateur et maire du Luart, dans la Sarthe.

course hippique paris
94e Prix de l'Arc de Triomphe à l'hippodrome de Longchamp

Le Prix du Jockey Club, une course prestigieuse annuelle

À l'instar du Derby d'Epsom en Angleterre, patronné par la famille royale, ou l'Irish Derby en Irlande, le Prix du Jockey Club fait partie des courses les plus renommées et attendues chaque année. Créée en 1836, cette course de galop se dispute le premier dimanche de juin sur l'Hippodrome de Chantilly. Sa distance est de 2 100 mètres. Sa dernière ligne droite est de 600 mètres en montée. Cet événement mondain se déroule dans un cadre prestigieux, au pied du château de Chantilly.

L'allocation de 1 500 000 € en fait la course de plat en France la mieux dotée après le Prix de l'Arc de Triomphe. Sous le patronage du Jockey Club, c'est une compétition au cours de laquelle participent exclusivement des chevaux de 3 ans. Son objectif principal est de repérer le meilleur mâle. L'existence de celui-ci sera alors tracée : direction le haras afin de perpétuer sa brillante lignée.

Comment est-on admis dans le Cercle privé du Jockey Club parisien ?

Les critères d'admission dans le cercle sont, pratiquement dès sa création, très sélectifs. La majorité de la noblesse française est membre. Ou dans tous les cas, une grande partie des membres est issue de la noblesse. Il faut donc montrer patte blanche. Au-delà de l'amour des chevaux, un parcours brillant, un nom reluisant (même sans être d'ascendance noble) et un portefeuille garni sont des critères essentiels. Ajoutons à cela de bonnes manières et du savoir-vivre.

Encore aujourd'hui, il n'est pas de bon ton d'exhiber sa fortune, mais la possession d'un château et d'un solide compte en banque sont de mise. Le "Jockey Club de Paris" est réputé encore plus élitiste que "L'Automobile Club" ou le "Cercle de l'Union Interallié".

Le prix d'une admission dans ce cercle très, très fermé ? Tout d'abord, les éléments énumérés ci-dessus. Cela constitue un « profil d'acceptabilité ». Ensuite, il est nécessaire d'être parrainé par deux membres de l'association, puis de soumettre sa candidature au vote. Pour être élu, il faut atteindre une majorité des cinq sixièmes au scrutin. En effet, un vote contre annule cinq votes favorables. Ce qui signifie qu'il faut recueillir 84 % des voix pour être élu ! Si l'on a la chance d'être admis, il y a une contrepartie financière, comme pour toute adhésion à une association. Le droit d'admission est de 1 110 euros et la cotisation annuelle de 550 euros.

Les informations les plus récentes font état de 1 146 membres. Si elles peuvent venir en visiteuses, accompagnées d'un membre officiel, les dames ne sont toujours pas admises !

Une ambiance luxueuse et feutrée dans le 8e arrondissement de Paris

Chacun est accueilli protocolairement à l'entrée, salué par son nom et son titre. Mais une fois à l'intérieur, chacun est présumé connaître l'autre. L'usage est donc de ne pas se présenter. Sous les boiseries précieuses et les ornements se trouvent fumoirs et restaurants où l'on vous sert en gants blancs. Ce sont des espaces rêvés pour y traiter de nombreuses affaires sans formalisme.

Il faut savoir que les équidés vedettes sur les champs de course s'échangent à prix d'or. Et c'est entre autres dans ces cercles très fermés que se négocie le prix de ces champions. Mais au-delà de se préoccuper de la plus noble conquête de l'Homme et de courses hippiques, les membres du cercle peuvent également y discuter en toute discrétion de bien d'autres enjeux financiers. S'y côtoient des banquiers d'affaires, des hommes politiques, des personnes issues de la noblesse et même des patrons du CAC 40.

La cravate est obligatoire, mais l'on sait se détendre ! Les hommes de pouvoir se croisent et échangent dans la convivialité et le savoir-vivre. Dans un entre-soi masculin qui les dispense de se soucier du regard des femmes, se murmure-t-il en aparté.

Les Jockey Clubs, des lieux de pouvoir et de savoir-vivre ?

Préservation de l'aristocratie, de l'élite sociale, de l'excellence et de l'éducation sont les arguments avancés par les défenseurs de ces clubs très fermés. À ceux qui font état d'une certaine misogynie, on objecte la tradition. Ces clubs sont nés, paraît-il, en Angleterre en réponse au règne des femmes sur le foyer. Ils représentent donc l'espace exclusivement masculin où les hommes peuvent se détendre, jouer ou déjeuner dans un luxueux restaurant entre eux. Tout en exerçant leur pouvoir en toute discrétion, loin des regards trop curieux.

L'on y agrandit son réseau professionnel. Les élites y débattent au cours de dîners mondains. Y font des affaires l'air de rien. La convivialité et le relationnel sont de mise. Enfin, être membre de ce cercle de prestige ouvre, en tant qu'invité, les portes de certains autres clubs affiliés, en France et à l'étranger, parmi lesquels le "Cercle Royal du Parc" à Bruxelles, le "Metropolitan Club" de Washington, ou encore le "Jockey Club de Hong Kong".

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