Tout dernier modèle à sortir des cartons de Tesla, société du milliardaire sud-africain Elon Musk, le Cybertruck a commencé à être produit en juillet 2023. Il marque un tournant dans l'histoire du constructeur, preuve en est qu'elle est sa première voiture à se voir attribuer un vrai nom. Après un roadster et plusieurs berlines électriques, ce Cybertruck, un pick-up imposant, vient également compléter la gamme proposée par le constructeur américain.
Un design audacieux et futuriste
La première chose qui frappe chez le Cybertruck, c'est son design monobloc tout en arêtes et en acier brut. Tesla propose bien des couleurs dans sa boutique (11 couleurs différentes à date), mais celles-ci font allègrement grimper la facture finale de 6 000 à 6 500 dollars, soit tout de même entre 5 500 et 6 000 euros.
Façonnés à la manière d'un exosquelette, les panneaux en acier inoxydable du pick-up électrique sont ultra-résistants. Selon Elon Musk, la voiture a été conçue ainsi pour offrir une protection maximale aux passagers et serait même pare-balle. Une assertion rapidement vérifiée par une ribambelle de Youtubers et, en effet, les plaques d'acier du Cybertruck sont capables d'arrêter les balles de 9 mm ainsi que celles de calibre 22. C'est déjà ça de pris.
Avec sa finition métallique brute, l'aspect par défaut du Cybertruck confère au véhicule une allure rétro-futuriste et post-apocalyptique que ne renierait pas George Miller lui-même, le réalisateur de la saga "Mad Max". Ses lignes anguleuses et sa silhouette massive – 5,70 mètres de long pour 2,40 de large et une hauteur hors tout de 1,80 mètre – ne laissera ainsi personne indifférent, tandis que l'absence de poignées pour ouvrir les portes (tout se fait avec des boutons sensitifs) achève de lui donner un air de tank revêche.
À l'avant, une bande LED s'étend sur tout l'avant du capot et sert de phares tout en offrant à la voiture une signature lumineuse unique. Elle est épaulée, plus bas, par deux feux multi-usages. À l'arrière, une autre barre LED sert de feux de stop, de feux de position et de clignotants. Un design minimaliste qui se retrouve également à l'intérieur avec un habitacle spacieux et épuré. Pas de tableau de bord ici, même pas de compteurs, tout se gère sur un immense écran tactile de 18,5 pouces qui regroupe toutes les commandes, y compris le démarrage, ainsi que les diverses informations nécessaires à la conduite. Les passagers à l'arrière, eux, ont droit à un écran 9,5 pouces tandis que tout le monde dans l'habitacle peut profiter d'un immense champ de vision grâce aux belles fenêtres, à un pare-brise généreux (et incliné qui plus est) ainsi qu'un immense toit panoramique.
Des performances hors norme pour une électrique
Sous son apparence avant-gardiste, le Cybertruck cache des performances impressionnantes. Disponible pour le moment en deux versions (AWD ou Transmission intégrale et Cyberbeast), plus une troisième version baptisée "Propulsion" et devant arriver courant 2025, il propose des options de motorisation impressionnante pour une électrique.
La version AWD, équipée de deux moteurs électriques, offre une autonomie annoncée de 547 kilomètres avec deux moteurs d'une puissance administrative totale de 607 chevaux. De quoi faire du 0 à 100 km/h en 4,3 secondes, malgré les quasi 3 tonnes que pèse le pick-up. La version Cyberbeast, elle, promet de faire encore mieux : avec ses trois moteurs, elle passe de 0 à 100 km/h en 2,7 secondes pour un poids de 3,1 tonnes et une puissance de 845 chevaux. Son autonomie, quant à elle, n'est "que" de 515 km. Quelle que soit la mouture enfin, le Cybertruck est capable d'atteindre les 180 km/h, là où ses concurrentes directes comme la légendaire Ford F-150, pick-up le plus vendu aux États-Unis, plafonnent à 160 km/h.
Le Tesla Cybertruck n'est pas seulement une bête de course, c'est également un pick-up conçu pour le travail et les loisirs. Tesla a ainsi porté une attention particulière à sa capacité de remorquage ainsi qu'à son volume de chargement. Pour les deux modèles, elles sont respectivement de 4,9 tonnes et de 1 897 litres grâce à son coffre à l'avant, à son plateau à benne à l'arrière et à un second coffre caché. À noter que ce volume de chargement peut facilement passer à 3 423 litres en rabattant les sièges arrière. Petite particularité également : la benne peut être verrouillée avec un volet coulissant qui dissimulera entièrement à la fois elle et son contenu des yeux des curieux.
Un véhicule bardé de technologie
Comme tous les véhicules de chez Tesla, le Cybertruck est équipé des dernières avancées technologiques en matière de conduite. Le système Autopilot, par exemple, permet une conduite assistée, quasiment semi-autonome. En utilisant les caméras du pick-up (9 à l'extérieur et une à l'intérieur), Autopilot peut enclencher le maintien de voie, le régulateur de vitesse adaptatif ou encore l'assistance au changement de voie. Tesla prévoit par ailleurs des mises à jour logicielles régulières qui permettront d'améliorer les capacités du véhicule au fil du temps.
L'écran tactile central, cœur du système d'info-divertissement, permet de contrôler toutes les fonctions du véhicule, de la navigation à la climatisation, en passant par les réglages de conduite. Côté divertissement justement, il est intéressant de souligner que la voiture est équipée de 15 haut-parleurs et de 2 caissons de basses, de quoi profiter de ses films en totale immersion comme dans un cinéma privé.
Tesla a également équipé l'habitacle de ses pick-up de filtres à air à très haute efficacité (THE, ou HEPA en anglais pour "High Efficiency Particulate Air") capables de purifier l'atmosphère en retenant 99,97 % des particules contenues dans l'air et dont le diamètre est supérieur ou égal à 0,3 nanomètre. Un matériel professionnel que l'on retrouve plutôt dans les blocs opératoires ou dans les salles blanches. Mais la plus étonnante des fonctions dont est dotée le Cybertruck, ce sont sûrement les prises présentes dans sa benne. Ces dernières permettent non seulement de recharger des appareils mobiles (si jamais les bornes de recharge sans fil de l'habitacle ne suffisaient pas), mais peuvent aussi alimenter perceuses, meuleuses et autres outils professionnels sans broncher. Tesla va même plus loin et explique que son pick-up peut alimenter un domicile complet sans souci, et ce, jusqu'à concurrence de 11,5 kW.
Une prestation perfectible
Dès le départ, Elon Musk avait voulu faire des voitures Tesla l'avenir de l'automobile, des produits censés nous sortir de « l'âge de pierre automobile », comme aime à le dire le milliardaire. Le Cybertruck ne fait donc pas exception et se place dans l'évolution logique de cette vision. Malgré tout, la déclaration d'intention qu'elle représente n'est qu'un succès en demi-teinte, la faute a quelques vices de conception qui gâchent un peu le tableau.
Premier exemple, et non des moindres : le confort embarqué. Non pas que le Cybertruck soit spécialement malcommode, mais son minimalisme jusqu'au-boutiste le place malheureusement très loin des sièges moelleux et du cuir des véhicules de la même gamme. On peut ainsi dire que si le segment est le même, l'austérité du pick-up de Tesla le fait plus s'adresser aux geeks et aux early adopters qu'aux réels amateurs de pick-up haut de gamme.
Autre faille dans la conception du pick-up électrique : une conduite rigide qui demande un vrai temps d'adaptation, la faute à la suppression de tout lien mécanique entre les roues et le volant (le fameux "Drive by wire") et à la présence de toute une ribambelle d'aides à la conduite. Finalement, cela annihile les retours et les impressions que l'on aurait normalement ressentis sans et, en substance, c'est comme si l'on était anesthésié et que l'on conduisait sans réelle sensation.
Et la liste des défauts continue : un comportement sur route pas vraiment tout-terrain, malgré une suspension hydraulique permettant de rehausser la garde au sol du véhicule à 40 bons centimètres ; un volant presque arqué, pas du tout adapté à une conduite hors route ; des feux de stop mal conçus et que les automobilistes confondent aisément avec des feux clignotants ; ou encore, la bande LED du capot qui accroche la neige et qui réduit ainsi la visibilité en conduite de nuit. Ce sont de petits détails, mais qui, mis bout à bout, exaspèrent les utilisateurs. Ils sont à mettre sur le compte de l'inexpérience de Tesla sur le secteur des pick-up, là où ses concurrents ont déjà plusieurs décennies d'évolution. Le hic est que cela donne une impression de produit bâclé et, vu les prix annoncés, ce n'est pas sûr que la pilule passe.
Tesla Cybertruck : prix et disponibilités
Avec son look radical, ses caractéristiques techniques impressionnantes et sa technologie embarquée, le Cybertruck est à n'en pas douter un pick-up de luxe. Tout d'abord estimé à 39 000 dollars l'année de son annonce (37 000 euros environ), l'imposant véhicule est finalement proposé par Tesla à plus du double : 79 990 dollars dans sa version AWD, soit approximativement 74 000 euros, et 99 990 dollars pour la version Cyberbeast, ce qui représente, environ, 92 300 euros. C'est entre 20 et 60 % plus cher que les autres pick-ups thermiques de son segment de marché et ça, c'est sans compter les coloris et autres barres LED en option qui viennent encore gonfler la facture pour facilement atteindre le coût d'un Hummer électrique, estimé à environ 110 000 euros.
Pour l'instant, la Tesla Cybertruck n'est disponible qu'aux États-Unis. Un temps annoncée dans l'Hexagone, elle n'a finalement pas pu y être commercialisée, la faute à des autorisations administratives trop compliquées à obtenir. Dans tous les cas, vu l'engouement sans précédent que sa silhouette unique provoque, on peut espérer que ce ne soit qu'une question de temps avant que ce pick-up futuriste ne sillonne les routes françaises.