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Ils ont joué James Bond : retour sur 8 acteurs iconiques

Espion flegmatique aux nerfs d'acier, James Bond est l'incarnation même de l'élégance britannique au service de Sa Majesté. Un personnage exigeant dont l'incarnation demande un réel engagement de la part de l'audacieux acteur qui relèvera le défi. Au total, ils sont 8 à l'avoir fait, 8 comédiens dont le tout premier n'avait aucune idée de ce qu'il faisait.

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Ils ont joué James Bond : retour sur 8 acteurs iconiques

Les films James Bond, issus des romans d'Ian Fleming, sont essentiellement produits par l'entreprise britannique EON Productions. N'en déplaise à la discrète société, il existe tout de même 3 films qui ont totalement échappé à leur contrôle, à savoir "Jamais plus Jamais" (1983), "Casino Royale" (1967) et "Casino Royale" (1952). Ce dernier film, ou plutôt téléfilm, marque la toute première apparition de James Bond à l'écran, incarné par un Barry Nelson très dubitatif.

Barry Nelson, le tout premier James Bond

Étonnamment, le premier acteur à avoir incarné le plus célèbre des espions britanniques est un Américain. Barry Nelson (1917 – 2007) avait déjà une solide carrière d'acteur derrière lui quand on lui proposa d'incarner le personnage principal du premier roman d'un ancien officier du renseignement britannique, ancien journaliste qui plus est, et totalement inconnu aux États-Unis. D'ailleurs, le projet était destiné à s'intégrer dans une série d'anthologie pour la télévision ("Climax !") pour en constituer le troisième épisode et ne dura que 48 petites minutes.

Barry Nelson

N'ayant aucun point de repère pour le rôle (il n'a lu aucun des livres de Fleming), Barry Nelson resta fidèle aux poncifs des films américains de l'époque avec un James Bond rigide, arrogant et sans aucune sophistication. Le célèbre espion y est donc dépeint comme n'importe quel détective privé d'un film noir qui aurait simplement troqué son ciré pour une veste et un nœud papillon.

Petite anecdote : pour sa première apparition à l'écran, le héros d'Ian Fleming est américain et a été rebaptisé "Jimmy Bond". Il travaillait non pas pour le MI6 anglais, mais pour la "Combined Intelligence Agency" dont l'acronyme, ô coïncidence, est "CIA".

Sean Connery, le flegme incarné

L'acteur écossais Sean Connery (1930 – 2020) a été choisi pour enfiler le smoking de OO7 dans "James Bond contre Dr. No" (1962) et passe à tort pour être le tout premier James Bond. Cependant, il a bien été celui qui en a défini l'essence dans un jeu d'acteur où se mêle charme, décontraction, assurance et virilité.

Sean Connery

Après ce premier film, l'acteur en enchaînera quatre autres sous la bannière d'EON au rythme d'un par an, puis n'endossa de nouveau le costume d'espion qu'en 1971 dans "Les diamants sont éternels". En 1983, enfin, il personnifiera Bond pour la dernière fois dans "Jamais plus jamais", l'un des films James Bond les plus critiqués à ce jour et pour cause : il a été produit par un autre studio qu'EON et ne pourrait donc, pour certains, être considéré comme canon.

Malgré tout, l'interprétation de l'agent secret britannique par Sean Connery est considérée comme la plus emblématique de toutes, faisant de Bond un héros charismatique, tombeur de ces dames.

David Niven, un Bond retraité et revêche

La même année de la sortie de "On ne vit que deux fois" (1967) apparaît également sur le grand écran un nouveau "Casino Royale" qui, ici encore, échappe totalement à EON. On y retrouve un James Bond âgé et à la retraite, joué par le Britannique David Niven (1910 – 1983), qui se retrouve entraîné malgré lui dans ce qu'il convient d'appeler "péripéties" plutôt que "aventures".

David Niven

Résolument orienté vers l'humour, voire la parodie, ce "Casino Royale" n'est bien sûr pas considéré comme appartenant au canon de l'univers de l'agent secret. Cela n'empêche cependant pas la prestation de David Niven, douce et ironique, parfois même acerbe et caustique, d'offrir une vision singulière de l'agent Double zéro sept. Elle serait même, selon quelques critiques, assez respectueuse des œuvres d'Ian Fleming.

George Lazenby, un 007 fragile

George Lazenby, acteur et scénariste australien, était mannequin lorsqu'il a été sélectionné pour devenir James Bond dans "Au service de Sa Majesté". À 29 ans, il est le plus jeune acteur à avoir jamais été Double zéro sept et surprend par ses performances à l'écran malgré son inexpérience devant la caméra. Il réussit à apporter une nouvelle dimension à James Bond, le rendant amoureux et vulnérable dans un film que l'on qualifierait volontiers de dramatique.

George Lazenby

À l'origine, George Lazenby a été auditionné pour remplacer Sean Connery en tant qu'agent 007. Convaincu par ses performances, EON lui proposa de rempiler, mais le jeune acteur refusa, échaudé par son agent qui lui aurait prédit que la franchise James Bond n'était pas vouée à durer. Voilà pourquoi c'est de nouveau Sean Connery que l'on voit dans la peau de l'espion dans le film "Les diamants sont éternels" de 1971.

Roger Moore, l'humour british

Avec sept James Bond à son actif, Roger Moore (1927 – 2017) est l'acteur le plus prolifique de la saga. Moore apporte de la sophistication au rôle, tout en assumant totalement un humour pince-sans-rire que le comédien a eu tout le temps de peaufiner durant son année passée à jouer Brett Sinclair dans la série télévisée "Amicalement vôtre".

Roger Moore

Avec Roger Moore, James Bond voyage aux quatre coins du monde, mais surtout, devient soudainement jovial, sympathique et accessible, un bon vivant auquel on s'identifie facilement. Pour autant, l'acteur britannique ne renie pas l'élégance ainsi que les manières propres au personnage, continuant à alimenter la légende de 007 à ce niveau.

Son interprétation achève de faire des James Bond des films d'action familiaux, ce qui ne rate pas d'enrager les fans d'Ian Fleming dont les plus virulents l'accusent de verser dans la parodie.

Timothy Dalton, l'espion aux yeux d'acier

Après Roger Moore, Timothy Dalton, né en 1946, incarne un Bond plus sombre et proche de la vision d'Ian Fleming. Après avoir été approché pour le rôle en 1967, en 1969 puis en 1980, c'est finalement en 1985 que l'acteur britannique pourra endosser le costume de l'espion britannique. Les deux films qu'il tourne, à savoir "Tuer n'est pas jouer" (1985) et "Permis de tuer" (1989), dépeignent un espion tourmenté, en proie à ses démons, et explorent un univers brutal et sombre, comme dans les romans.

Timothy Dalton

Les yeux bleus et froids de l'acteur, son sourire mi-sarcastique, mi-carnassier, et, d'ailleurs, sa capacité à ne pas sourire du tout (moins que Roger Moore du moins), montre au monde un 007 glacial et calculateur. Sa prestation jette les bases d'un Bond réaliste, mortel, et duquel il vaut mieux rester très loin.

Malgré l'acclamation des amateurs et un premier film qui a agréablement surpris par sa gravité, le deuxième film, "Permis de tuer", s'avère trop dur pour le public qui ne s'attendait pas à tant de violence réaliste dans un film familial. Est-ce la raison pour laquelle Timothy Dalton a voulu passer la main ? Toujours est-il que l'acteur britannique finit par refuser un troisième film en 1994, libérant le rôle qui atterrit entre les mains d'un certain Pierce Brosnan.

Pierce Brosnan, le James Bond parfait ?

Après six ans d'absence, l'agent 007 revient en 1995 dans "GoldenEye" sous les traits de Pierce Brosnan, acteur britannique alors âgé de 42 ans. Dès le départ, l'acteur assume de jouer aux équilibristes en faisant rimer l'élégance britannique avec l'esprit bondien et une intensité à la Timothy Dalton.

Pierce Brosnan

Après ce premier film, un véritable triomphe au box-office, l'acteur imposera sa vision de 007 dans 3 autres films : "Demain ne meurt jamais" (1997), "Le monde ne suffit pas" (1999) et "Meurs un autre jour" (2002). À chaque fois, il convainc par ce juste milieu qu'il entretient entre la prestance d'un Sean Connery, l'ironie d'un Roger Moore et la sévérité d'un Timothy Dalton. Sa popularité repose sur son charisme, son élégance naturelle et sa capacité à être James Bond aussi bien dans une soirée mondaine qu'au volant d'une Aston Martin lancée à la poursuite des méchants.

Malgré ses 4 films au succès indéniable cependant, et surtout malgré son envie de continuer à incarner l'agent secret britannique, Pierce Brosnan se voit remercié par la production. L'acteur s'approchait en effet de la cinquantaine, alors que les producteurs souhaitaient rajeunir l'image de 007.

Daniel Craig, un James Bond humain

En octobre 2005, Daniel Craig est officiellement présenté comme prochain James Bond. Le choix est surprenant, car l'acteur, britannique, était plus un habitué des planches de théâtre que de la caméra tout en étant peu connu du grand public. Mais surtout, Daniel Craig est blond alors que tous ses prédécesseurs étaient bruns !

Daniel Craig

L'acteur n'a pas le choix et réinvente le personnage. Son Bond, présenté dès "Casino Royale" (2006), est brutal, introspectif et brisé, reflétant un espion vulnérable et humain. En tout, ses cinq films – "Casino Royale", "Quantum of Solace" (2008), "Skyfall" (2012), "Spectre" (2015) et "Mourir peut attendre" (2021) – forment une véritable saga dans la saga, malmenant le héros et le mettant devant des choix impossibles. On peut également y suivre l'évolution de l'agent 007, de plus en plus marqué par toutes les épreuves qu'il traverse.

Aussi convaincant que Pierce Brosnan, aussi implacable que Timothy Dalton, Daniel Craig inspire un nouveau souffle au personnage en lui donnant un visage humain. Il est affecté, fragile et psychologiquement complexe : on pourrait dire qu'on tient là une version remise aux goûts du jour de la création littéraire de Fleming.

Et demain, qui sera le prochain 007 ?

Daniel Craig a raccroché son smoking après l'apothéose de "Mourir peut attendre" et la saga est désormais à la recherche du prochain visage qui incarnera James Bond à l'écran. Les spéculations vont bon train. Parmi les noms revenant le plus souvent, on note :


  • le Britannique Aaron Taylor Johnson, le plus plausible selon les pronostics ("Kraven le chasseur", "Kingsman : première mission", "Fall Guy") ;

  • l'Irlandais Cillian Murphy, encensé par Pierce Brosnan ("Oppenheimer", "28 ans plus tard", série "Peaky Blinders") ;

  • le Britannique Henry Cavill ("Superman", "Mission impossible : Fall Out", série "The Witcher") ;

  • le Britannique Josh O'Connor ("Seule la terre", "Challengers", série "The Crown").

Jusqu'ici, rien ne transpire et le mystère reste entier. Si chacun a sûrement son préféré (ou même, n'en a aucun), tous attendent avec impatience la déclaration officielle des studios.

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