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Jean Dujardin à la conquête du monde : du rire français à l'Oscar américain

Apparu dans les années 1990 dans une pastille humoristique, il n'a cessé depuis de surprendre par des choix audacieux et éclectiques qui font désormais de lui l'un des plus grands acteurs français de sa génération.

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Jean Dujardin à la conquête du monde : du rire français à l'Oscar américainJean Dujardin au 23e gala annuel des Palm Springs International Film Festival Awards

De son rôle emblématique de Brice de Nice à son Oscar du Meilleur acteur pour le film "The Artist", Jean Dujardin semble avoir vécu mille vies professionnelles. Aussi adulé par la presse spécialisée que par le public français, on oublie bien souvent, dans sa fulgurante ascension, que sa carrière a démarré timidement sur le petit écran, dans la série "Un Gars, Une Fille". Rien, donc, ne prédestinait le comédien à parvenir aux sommets du cinéma en remportant son Oscar en 2012. L'histoire que voici n'en est que plus belle.

Des débuts remarqués à la télévision française

Avant d'être un nom, Jean Dujardin est aussi et surtout un visage auquel les Français se sont peu à peu habitués et identifiés. En 1999, la série "Un gars, Une Fille" débarque ainsi à la télévision française. On y suit les aventures de Chouchou et Loulou, un couple incarné par Jean Dujardin et Alexandra Lamy, dans des épisodes ciselés de 6 minutes, addition de scènes cocasses et humoristiques sur la vie de couple.

Les Français tombent rapidement sous le charme de ce duo attachant qui ne quitte plus le petit écran, le programme étant régulièrement rediffusé par différentes chaînes par la suite. Ce n'est pourtant pas la première fois que l'acteur fait une incursion dans le paysage audiovisuel français. Avant ce rôle dans la série phare, Jean Dujardin faisait partie de la bande des Nous Ç Nous, un groupe de comédiens adepte de parodies, dont l'acteur Bruno Salomone faisait également partie.

Ces deux expériences télévisuelles réussies permettent au comédien de se faire une petite notoriété et de viser plus grand en passant du petit au grand écran.

Brice de Nice, OSS 117 : carton plein au cinéma

En 2005, la France découvre sur grand écran le personnage de Brice de Nice. Les attitudes et les répliques du surfeur raté, un brin ridicule, au comportement parfois exaspérant, réussissent à séduire un large public qui reprend en chœur les gestes et la répartie loufoques du personnage. La comédie familiale permet ainsi à Jean Dujardin de s'imposer définitivement comme un talent à suivre.

Le passage de la télévision au cinéma, parfois délicat, est une vraie réussite. Ce succès est ensuite confirmé par de nouvelles comédies telles que "OSS 117 : Le Caire, nid d'espions" sorti en 2006 et "OSS 117 : Rio ne répond plus", sorti en 2009. Jean Dujardin y incarne un agent secret décalé, l'anti James Bond par excellence, véritable caricature dont l'outrance et l'incompétence parviennent à faire rire la France entière. L'alchimie entre le réalisateur Michel Hazanavicius et l'acteur est parfaite.

Ces comédies populaires permettent à Jean Dujardin de se faire un nom, mais aussi une place dans le cinéma français. L'image d'acteur de comédies populaires continue pourtant de lui coller à la peau.

OSS 117
Jean Dujardin dans le rôle hilarant de OSS 117

Un tournant dramatique dans sa carrière

Comme d'autres l'ont fait avant lui, Jean Dujardin tente de se diversifier. Il ne souhaite pas se cantonner à des comédies familiales et participe à des projets d'autres natures. Dans "99 francs", sorti en 2007, il choisit d'incarner le rôle d'un publicitaire cynique, drogué, terriblement égoïste, que l'on se plaît à détester. De quoi prendre ses distances avec son rôle favori de gentil nigaud.

En 2007 et en 2010, il joue également dans des comédies dramatiques telles que "Contre-enquête, le Bruit des glaçons" ou encore "Un balcon sur la mer" qui lui permettent de dévoiler toute l'étendue de sa palette d'acteur.

2012, la consécration américaine

Il lui faudra pourtant attendre 2011 et une nouvelle collaboration avec Michel Hazanavicius pour trouver le rôle de sa vie. Le réalisateur lui propose ainsi de jouer dans un film ambitieux : "The Artist". Comédie romantique muette, filmée en noir et blanc, le projet est un pari risqué, à contre-courant des superproductions qui bouleversent alors le monde du cinéma, à l'image du premier volet d'Avatar, sorti deux ans plus tôt.

Cette idée insensée, Jean Dujardin y croit dur comme fer et suit Hazanavicius dans sa folie. Un an plus tard, l'acteur est récompensé et remporte le prestigieux Oscar du Meilleur Acteur. Il est à ce jour le seul comédien français à avoir obtenu cette récompense. Une consécration planétaire pour une carrière sans fausse note.

Dujardin aux Oscar
Jean Dujardin aux côtés de l'actrice Meryl Streep, durant la 84e cérémonie des Oscar en 2012

L'après Hollywood

Son Oscar a permis à Jean Dujardin de se faire un nom à l'international. "The Artist" a ainsi mis tout Hollywood à ses pieds, bluffé par sa performance. Très vite, de grands noms du cinéma hollywoodien souhaitent travailler avec lui. Martin Scorsese fait ainsi appel à lui pour l'un de ses plus grands succès, sorti en 2013 : "Le Loup de Wall Street", aux côtés de Leonardo DiCaprio.

Un an plus tard, c'est George Clooney qui souhaite le voir apparaître au générique de son film "Monuments Men". L'affiche du film le place aux côtés de pointures du cinéma américain telles que Cate Blanchett, Matt Damon ou encore Bill Murray.

Si Jean Dujardin ne boude pas son plaisir, il n'hésite pas pour autant à rappeler son amour pour le cinéma français dans lequel il souhaite continuer d'évoluer. En 2016, il enfile ainsi à nouveau le costume de Brice de Nice, pour le plus grand plaisir du public français. En 2021, il est également à l'affiche d'un nouveau volet d'OSS 117, réalisé cette fois-ci par Nicolas Bedos.

Mais c'est aussi et surtout sa participation à des projets moins grand public qui retient l'attention. En 2018 puis en 2019, il s'illustre ainsi dans deux comédies françaises décalées : "I Feel Good", de Benoit Delépine et Gustave Kervern et "Le Daim", de Quentin Dupieux.

Des choix audacieux qui signent un nouveau virage dans sa carrière et nous éclairent sans aucun doute sur la poursuite de celle-ci. Si son Oscar du Meilleur acteur a été, comme aime à le rappeler Jean Dujardin, « un merveilleux accident », sa véritable place reste bel et bien en France, aux côtés de réalisateurs de talent, ambitieux, créatifs et qui n'ont définitivement rien à envier aux poids lourds de Hollywood.

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