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Voici les 3 oeuvres d'art les plus chères au monde

La vente d'un tableau de Gustave Klimt a fait de cette toile la deuxième œuvre la plus chère de l'histoire, l'occasion de se demander qui est la troisième et surtout qui domine ce classement.

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Voici les 3 oeuvres d'art les plus chères au monde

J'ai tendance à penser que l'art et l'argent ne font pas toujours bon ménage. D'ailleurs, de (très) nombreux artistes ont connu de (grosses) périodes de vaches maigres. Certains ont même vécu dans la pauvreté, avant que leurs œuvres ne s'arrachent à prix d'or, mais à titre posthume. Aujourd'hui, les ventes aux enchères ne cessent de battre des records, avec des tarifs stratosphériques qui laissent songeur. Focus sur trois œuvres dont les prix dépassent l'entendement.

N°3 : Les Femmes d'Alger (Version O), de Pablo Picasso

"Les Femmes d'Alger" est une série de 15 peintures (plus divers dessins) réalisées entre 1954 et 1955 par l'artiste espagnol Pablo Picasso. C'est la réinterprétation d'un chef-d'œuvre romantique du peintre Eugène Delacroix, portant le même titre et visible au Louvre. Cette version déconstruite et moderne illustre bien le style cubiste de Picasso. Au fil des versions, l'artiste explore différentes approches, tout en gardant le thème des femmes dans un espace intérieur.

Les Femmes d'Alger, par Picasso

On pense que cette idée a germé dans l'esprit de Picasso après la mort de son ami (et à la fois rival) Henri Matisse, ce dernier ayant lui-même abordé des thèmes orientalistes dans ses œuvres. En revisitant Delacroix à travers le prisme de la modernité, le peintre espagnol établit un pont entre le romantisme du XIXe et l'avant-garde contemporaine.

La version O des "Femmes d'Alger", peinte en février 1955, est une huile sur toile mesurant 114 cm sur 146,4 cm. C'est certainement la plus célèbre. Les autres versions sont dispersées dans des musées et des collections privées, ce qui rend impossible l'exposition complète de la série. Ce détail contribue au prestige et à la rareté de chaque panneau. Le 11 mai 2015, la version O est ainsi vendue aux enchères chez Christie's, à New York, pour 179,4 millions de dollars (soit 155 millios d'euros). L'acheteur, initialement anonyme, serait un ancien Premier ministre du Qatar, membre de la famille princière.

N°2 : Portrait of Elisabeth Lederer, de Gustav Klimt

L'artiste autrichien Gustav Klimt a peint cette toile entre 1914 et 1916. Elle représente Elisabeth Lederer (la fille des mécènes viennois de Klimt, August et Serena Lederer), dans une robe blanche de style impérial chinois. Ce détail illustre bien la phase tardive de Klimt, pleine d'influences exotiques, symbolistes et décoratives. Les détails raffinés et la dimension "luxueuse" associée à l'élégance et au pouvoir de la bourgeoisie font de cette œuvre une pièce caractéristique non seulement de l'esthétique de Klimt, mais aussi de la "Belle Epoque" viennoise.

Portrait of Elisabeth Lederer, de Gustav Klimt

Ce tableau grandeur nature (180,4 cm sur 130,5 cm) est l'un des rares portraits en pied de l'artiste détenus en collection privée, la plupart des autres toiles de ce type étant exposées dans des musées. Commandée par les parents d'Elisabeth, l'œuvre a été saisie par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, et a failli être détruite dans un incendie. Elle a finalement été restituée à la famille Lederer (en l'occurrence le frère d'Elisabeth) en 1948. Vendu en 1983, puis racheté en 1985 par Leonard A. Lauder (héritier de l'empire Estée Lauder), le tableau faisait partie de sa collection privée, accroché dans son appartement new-yorkais, jusqu'à sa mort en 2025.

Le 18 novembre 2025 chez Sotheby's à New York, le "Portrait of Elisabeth Lederer" est adjugé 236,4 millions de dollars (soit environ 204 millions d'euros), après une bataille de vingt minutes entre six enchérisseurs. Bien au-dessus de son estimation à 150 millions ! Si on ne connaît pas l'identité de l'acquéreur, on sait en revanche que c'est un record pour une toile de Klimt, devenant ainsi la deuxième œuvre la plus coûteuse vendue aux enchères, mais aussi la plus onéreuse œuvre d'art moderne jamais adjugée en vente publique.

N°1 : Salvator Mundi, de Leonardo da Vinci

Ce tableau (controversé) est un portrait de Jésus-Christ, vêtu à la mode Renaissance, la main droite levée en geste de bénédiction, la gauche tenant un orbe de cristal (symbole cosmique de l'Univers). Il s'agit d'une huile sur bois (en l'occurrence une planche de noyer) d'environ 66 cm sur 46 cm.

Ce "Salvator Mundi" (ou Sauveur du Monde) a longtemps été considéré comme étant l'œuvre d'un élève de Léonard de Vinci, ou en tout cas de la période "après Vinci". En mauvais état (bois abîmé, mal restauré), le tableau est acheté en 2005 quelques milliers de dollars lors d'une vente aux enchères en Louisiane (États-Unis). Il est alors minutieusement restauré par Dianne Modestini, puis soumis à des experts qui évoquent la possibilité du « dernier chef-d'œuvre de Léonard ».

Salvator Mundi, de Leonardo da Vinci

Mais beaucoup d'historiens doutent de cette version : la composition est jugée trop rigide, certains détails trop mécaniques (la main, l'orbe). La lourde restauration complique également l'évaluation de l'œuvre. En outre, la disparition des archives entre le XVIIe et le XXe siècle crée des lacunes dans la trace documentaire.

Pourtant, ces incertitudes n'ont pas empêché le tableau d'être vendu à prix d'or. Le 15 novembre 2017, chez Christie's à New York, le "Salvator Mundi" est adjugé à 450,3 millions de dollars (soit 390 millions d'euros), pour un enchérisseur anonyme. On apprendra plus tard que ce dernier agissait pour le compte d'un prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed bin Salman.

Ce tableau mythique montre à quel point un panneau méconnu et mal conservé peut (re)devenir une icône de l'art, grâce à une belle restauration, une étonnante expertise et un peu de marketing. Mais il souligne aussi les zones d'ombre qui peuvent se dessiner autour du processus d'attribution, alimentant le débat entre historiens et restaurateurs. Quoi qu'il en soit, le "Salvator Mundi" est à ce jour l'unique œuvre d'art ayant dépassé les 400 millions de dollars, plaçant ce tableau encore loin devant le portrait de Klimt.

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