Charismatique, douée, éclectique, fascinante et magnétique, Léa Seydoux accapare les grands écrans, parfois au grand dam de certains. Il arrive qu'il ne fasse pas bon être trop populaire dans son pays, quand celui-ci est la France. Surtout lorsque l'on est issu d'une famille bourgeoise et bien introduite dans la production audiovisuelle. Pourtant, cette grande Dame du cinéma hexagonal s'est fait un nom, même à l'international, par-delà les a priori et les critiques, indépendamment de ses origines. Elle est devenue incontournable dans le paysage cinématographique français, entre cinéma à gros budget et films d'auteur.
La dynastie Seydoux, un riche (ou lourd ?) héritage
On a beau naître avec une cuillère en argent dans la bouche, l'hérédité n'est parfois pas facile à porter lorsqu'on veut se faire un nom… ou du moins un prénom. Léa Seydoux, de son nom complet Seydoux Fornier de Clausonne, née le 1er juillet 1985 dans le 16e arrondissement de Paris, pourrait en témoigner.
Son père, Henri Seydoux, ingénieur et entrepreneur, est un homme d'affaires en vue, cofondateur de la société de haute technologie Parrot, spécialisée en drones et logiciels d'analyses d'images professionnels. Le père de celui-ci, Jérôme Seydoux, est un milliardaire, producteur de cinéma et PDG de Pathé. Léa compte également parmi les membres de sa famille un grand-oncle, Michel Seydoux, président du conseil de surveillance du groupe Gaumont (rival de Pathé jusqu'à un rapprochement entre les deux groupes), dont la fille Sidonie Dumas est directrice générale.
Sa mère Valérie est, elle aussi, originaire d'une grande lignée bourgeoise, la famille Schlumberger. Styliste-couturière et mannequin, elle a essentiellement exercé une activité caritative, la menant au Sénégal sur l'île de Gorée. Côté maternel encore, Léa est la belle-sœur de l'écrivan Serge Bramly et tante de l'écrivaine Carmen Bramly.
Ses parents divorcent alors qu'elle n'a que trois ans. C'est une jeune fille timide et réservée, qui peine à s'imposer. Elle rate son bac et prend des cours de comédie, qui lui permettront de transcender sa timidité et révélera son incroyable talent d'actrice. Elle dira que c'est « l'école de la vie » qui l'a formée, ce qui lui vaudra les foudres des critiques qui interpréteront mal ses mots, considérant qu'aisée, elle ne correspond pas au profil et n'est pas à plaindre. Mais cela n'empêche pas sa solitude et sa sensation de se « faire toute seule ». Elle supporte mal le poids de son nom et ne cessera de clamer que si elle a réussi dans le 7e art, c'est uniquement grâce à son travail et sa ténacité.
Léa Seydoux à Hollywood en 2010
Le paradoxe Léa Seydoux entre gros succès et films intimistes
Léa Seydoux se défend régulièrement de devoir à sa famille son ascension dans le métier d'actrice. Même s'il convient de souligner que certaines superproductions comme "Dune" de Denis Villeneuve, dans lequel elle est à l'affiche, sont produits par Nicolas Seydoux.
Elle multiplie également les apparitions secondaires dans de nombreux blockbusters et s'impose à Hollywood : "Robin des Bois" de Ridley Scott ; "Mission impossible : protocole fantôme de Brad Bird ; James Bond Girl dans deux opus de la franchise James Bond ("007 Spectre" et "Mourir peut attendre"), un doublé historique d'ailleurs, salué comme un rôle de composition.
Mais Léa n'est pas femme à s'enfermer dans un seul genre cinématographique, préférant s'engager dans des projets très divers. Le cinéma d'auteur lui tend les bras, et elle s'y investit totalement. C'est ainsi qu'elle se retrouve à l'affiche du fulgurant et controversé "La vie d'Adèle" d'Abdellatif Kechiche, donnant la réplique à Adèle Exarchopoulos. Cela lui vaudra une Palme d'or au Festival de Cannes. Toutefois, ses relations avec Kechiche sont tendues. Elle l'accuse, solidairement avec Exarchopoulos, de harcèlement, il la traite en retour de « petite fille gâtée ».
Léa Seydoux aux côtés de Daniel Craig dans le film "Spectre"
Quand la jeune Seydoux se fait un prénom dans le cinéma
Parallèlement à ces films à gros budget ou ces succès retentissants, des films plus confidentiels comme "Plein Sud" de Sébastien Lifshitz et "Belle Épine " de Rebecca Zlotovsky, pour ne citer qu'eux, l'imposent sur la scène du cinéma indépendant. Pour Seydoux, il y a un avant et un après "La vie d'Adèle". À partir de 2013, elle impose son audace artistique et tourne majoritairement des films d'auteur, se faisant plus exigeante quant à la sélection de ses interprétations, notamment en matière de scènes dénudées, et revendique sa liberté de choix. Elle parvient par ce biais à s'émanciper de son nom et se distancer des préconçus attachés à son héritage familial lié à l'industrie du cinéma. C'est également à partir de cette période qu'elle commence à savoir gérer la critique et le perpétuel renouvellement nécessaire pour entrer dans chacun de ses rôles.
Elle tourne avec les plus grands. Parmi les collaborations récurrentes, on en note quatre avec Wes Anderson, trois avec Bertrand Bonello, deux avec Rebecca Zlotowski, Benoît Jacquot ou encore Arnaud Desplechin. Mais il faut ajouter à cela David Cronenberg, Christophe Honoré, Quentin Dupieux, Xavier Dolan et tant d'autres. Elle croise sur les plateaux certains confrères de façon parfois récurrente, comme Louis Garrel notamment.
Ce qui la rend si désirable aux yeux de tous ces cinéastes, c'est son incroyable talent à incarner ses personnages jusqu'à s'y perdre. Le rôle le plus exigeant ne lui fait pas peur, et la variété de son répertoire en témoigne.
Léa Seydoux dans le film "France" de Bruno Dumont
Une carrière en plein essor pour une jeune femme active et engagée
Maman d'un petit Georges, né en 2017, issu de sa relation avec André Meyer, Léa Seydoux ne se contente pas d'être une actrice prolifique au grand talent. Figurant parmi les rares actrices françaises brillant à Hollywood, aux côtés de Marion Cotillard, Eva Green et Audrey Tautou, elle est membre, depuis 2018, de l'Académie américaine des arts et sciences du cinéma. Celle-ci étant chargée de décerner les Oscars.
Investie dans le mouvement #MeeToo, elle dévoile dans une lettre publiée dans "The Guardian" compter parmi les victimes d'Harvey Weinstein. En France, elle est nommée chevalière de l'Ordre des Arts et des Lettres en 2016, et est membre du collectif 50/50 revendiquant l'égalité des sexes dans l'industrie cinématographique.
Intègre, talentueuse et dévouée, Léa Seydoux est devenue incontournable dans le paysage cinématographique, tant français qu'international. Il y a fort à parier que les années à venir nous réservent leur lot de collaborations surprenantes, autant par leur originalité que par leur grande qualité. Léa n'a pas fini de faire rayonner le nom de Seydoux.