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Reishi, le cuir de champignon qui séduit les grandes marques de luxe

Le cuir animal est souvent pointé du doigt, par les défenseurs de la cause animale et par les écologistes. Avec son alternative végétale à base de champignon, une société californienne pourrait bien avoir trouvé la solution au problème.

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Reishi, le cuir de champignon qui séduit les grandes marques de luxeLe sac Victoria, par Hermès, en cuir de champignon

La start-up américaine MycoWorks a mis au point un procédé permettant de produire un cuir végétal, similaire au cuir animal en termes de durabilité, de texture et d'apparence, mais végan et cruelty free (sans souffrance animale). Cette technologie brevetée, qui repose sur les filaments des racines du champignon asiatique Reishi, intéresse déjà les plus grandes marques du secteur du luxe et pourrait bien révolutionner l'industrie. Revenons sur sa création, ses caractéristiques et les utilisations envisageables de ce Reishi.

MycoWorks, Mycélium et Reishi : pour un cuir écoresponsable

MycoWorks est une entreprise basée en Californie, spécialisée en biotechnologie. Elle développe depuis quelques années une technologie baptisée "Fine Mycelium", pour créer un cuir de champignon très proche du cuir classique – dans ses versions standard ou luxe – mais respectant à la fois la planète et les animaux. On peut le voir comme un véritable concurrent aux cuirs végans, à base de maïs, de pomme ou d'ananas, tout comme une alternative écoresponsable au cuir animal.

Le marché du cuir haut de gamme est en hausse constante depuis 2010 (+251 %) et il pèse plus de 192 milliards de dollars. Cependant, la production a chuté de 22 %, en même temps que la consommation de produits laitiers et de bœuf, et les marques de luxe se doivent donc de trouver des options de secours pour satisfaire la demande. Avec ce Reishi, elles pourraient avoir trouvé un biomatériau à même de plaire au plus grand nombre.

En fin d'année 2021, la start-up a levé 125 millions de dollars pour augmenter ses capacités de production et s'installer dans une usine de plus de 12 000 m², devenue la plus grande exploitation de la racine de champignon (le mycélium) au monde. Son produit phare, décliné en trois coloris, intéresse déjà fortement les grandes marques de la maroquinerie, mais aussi des constructeurs de mobiliers d'intérieur en cuir et des fabricants de voitures, soucieux de la qualité et de la provenance des matériaux qu'ils utilisent.

Quel est le procédé de fabrication du Reishi ?

Le terme Reishi, nom commercial de ce cuir végétal, est emprunté directement à l'appellation japonaise du champignon Ganoderme luisant. Cette variété se prête peu à un usage culinaire, mais elle possède une particularité : les filaments de ses racines s'entrelacent quand elles poussent, formant une matière résistante, avec une durabilité égale à celle du cuir classique.

L'idée de fabriquer du cuir de champignon n'est pas nouvelle, mais jusque-là, la plupart des matières obtenues ne parvenaient pas à égaler le cuir animal au toucher et au niveau visuel. MycoWorks semble avoir trouvé la bonne technique pour créer une matière plus raffinée – baptisée "mycélium fin" – capable de reproduire de manière très convaincante le cuir véritable.

cuir reishi

Les champignons sont cultivés au sein de l'usine, qualifiée de ferme agricole, lors d'un processus au cours duquel le substrat où poussent les racines est agrémenté de coton. Les filaments du champignon vont se mêler à cette matière et former un matériau dense, résistant, mais souple, qui pourra être travaillé comme du cuir animal dans les tanneries partenaires.

Comme l'explique Frederick Martel, le vice-président "Sales & Business Development" de l'entreprise, il est possible de tanner ce cuir de champignon exactement comme du cuir animal, mais simplement de façon moins polluante. Contrairement au cuir classique, le Reishi n'a pas besoin d'être traité au collagène pour ne pas pourrir, ce qui le rend moins nocif pour la planète. On notera également que le mycélium se nourrit de copeaux de bois recyclé pour pousser et qu'il capture le CO2, ce qui en fait une matière écoresponsable de A à Z.

Il faut compter environ 4 semaines entre une commande et la livraison du produit, pour ce Reishi qui reste pour le moment l'apanage de quelques clients de prestige. Parmi eux, de grands noms de la maroquinerie ont été séduits très rapidement par le potentiel de ce matériau innovant.

Des partenariats avec les plus grandes marques du luxe

Dès 2021, la marque Hermès, appartenant au groupe LVMH, s'associait avec MycoWorks pour créer une réinterprétation de son sac "Victoria" à base de mycélium fin. D'autres marques, attirées par la malléabilité du produit dont on peut modifier l'aspect final, l'épaisseur et la taille comme souhaité, semble vouloir se tourner vers ce cuir de champignon de forme nouvelle.

Si pour le moment, l'entreprise américaine n'a pas divulgué l'ensemble de ses partenariats avec des marques de luxe, on sait déjà que Ligne Roset, spécialiste français de la fabrication de meubles personnalisés, utilisera le Reishi pour ses fameux canapés "Togo". De son côté, le géant américain de l'automobile General Motors pourrait s'appuyer sur cette matière pour équiper ses plus beaux véhicules, ce qui mettrait un coup de projecteur sur ce biomatériau.

Pour l'instant, le Reishi et sa composition 100 % mycélium est encore rare, du fait d'une production restreinte et confinée au secteur du luxe. Il se pourrait toutefois qu'à l'avenir, il se démocratise et remplace un cuir animal sujet à de nombreuses critiques.

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