L'histoire européenne a été sculptée par plusieurs souverains aux personnalités diverses, allant de puissants visionnaires à des figures de tradition et d'influence. Aujourd'hui encore, beaucoup de pays sont gouvernés par une dynastie, même s'il est vrai que certaines ont, volontairement ou non, lâché les rênes du pouvoir pour ne plus revêtir qu'un rôle protocolaire. Dans tous les cas, ces monarques sont bien présents et sont des contributeurs essentiels à la richesse historique, culturelle et économique de leurs nations.
Charles III : God save the king
Après sept décennies à porter le titre de "prince de Galles", Charles Philip Arthur George accède enfin à la souveraineté à l'âge de 73 ans. Il succède ainsi à sa mère, la très regrettée reine Elizabeth II. C'est le 6 mai 2023 qu'il endosse le nom de Charles III et devient l'actuel roi du Royaume-Uni ainsi que des 14 autres royaumes du Commonwealth.
Dès ses débuts, Charles III s'est comporté en monarque résolument moderne. Il a, par exemple, voulu une cérémonie de couronnement inclusive, impliquant diverses communautés de son royaume. Des représentants musulmans, juifs, et même bouddhistes, hindouistes et sikhs ont ainsi pu prendre une part active à l'événement. Ce jour-là, le roi a également fait l'effort de lire plusieurs textes officiels dans les langues des différentes nations composant son désormais royaume. Cela inclut le gallois, une première depuis des siècles dans la Maison Windsor.
Albert II, le roi sportif
Né le 14 mars 1958, le prince Albert de Monaco est un passionné de sports. Ce descendant de la Maison Grimaldi en pratique plusieurs, depuis la voile, le ski, et le tennis, jusqu'au judo (il est ceinture noire), l'athlétisme et le bobsleigh. C'est d'ailleurs en tant que pilote de bob qu'il a participé à cinq Jeux Olympique d'hiver, représentant son pays depuis Calgary, en 1988, jusqu'à Salt Lake City, en 2002. A l'âge de 27 ans, il a également pris part à l'édition 1985 du Paris-Dakar.
Accédant au trône de la principauté en 2005, le prince Albert est surtout connu pour avoir lancé un programme contre le blanchiment d'argent qui a permis à Monaco d'entrer dans les bonnes grâces de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).
Felipe VI, un roi mis à l'épreuve
Depuis son enfance, Juan Pablo y Alfonso y de la Santísima Trinidad y de Todos los Santos de Borbón y Grecia, de son nom complet, a été préparé à succéder au trône d'Espagne par son père, Juan Carlos Ier, qui l'impliqua tôt dans les affaires royales. Il a ainsi prononcé son premier discours officiel à l'âge de 13 ans, montrant déjà les bases de ce qu'il allait devenir : un roi posé et rigoureux. Roi, il le deviendra en 2014 par l'abdication de son père. Il a alors 47 ans.
Le règne de Felipe VI, de la Maison Bourbon, est secoué par la crise indépendantiste catalane et entaché par des scandales de corruption visant Juan Carlos Ier, son père. Malgré tout, le monarque a su montrer sa volonté d'être proche du peuple avant tout, en prenant des mesures fortes, notamment en renonçant à l'héritage de son père et en le sanctionnant financièrement.
Le roi Felipe VI d'Espagne est, littéralement, le plus grand roi au monde : il mesure 1,97 mètre.
Philippe Ier, le monarque sous-estimé
Léopold Louis-Philippe Marie de Belgique, actuellement Philippe de Belgique, a eu un début de règne difficile en raison de l'image qu'il renvoyait. Déjà en 1993, à la mort de son oncle, le roi Baudouin, il aurait dû monter sur le trône, car considéré comme son successeur. Il a d'ailleurs été formé dans ce but par le défunt roi des Belges. Malgré tout, c'est son père, Albert Félix Humbert Théodore Christian Eugène Marie de Belgique, qui monte sur le trône, devenant Albert II. Le tort du protégé ? Aucun, à part que l'on a estimé qu'il n'était pas encore prêt pour le trône. Du haut de ses 33 ans, le voici donc à nouveau dans le rôle du dauphin.
En juillet 2013, le roi Albert II abdique et laisse enfin le champ libre à son fils qui, à 53 ans, devient Philippe Ier, le septième roi des Belges. Toutefois, ayant multiplié les sorties de route diplomatiques alors qu'il était prince héritier, le monarque n'avait plus de crédibilité auprès du peuple qui le qualifiait de « maladroit » ou encore de « pas capable ». Qu'à cela ne tienne : dix mois d'efforts plus tard, le voici plébiscité par 60 % des Belges et, mieux, au bout de 5 ans de règne, le voici porté aux nues par la presse. Pour elle, Albert II de la Maison de Saxe-Cobourg a tout simplement « sauvé la monarchie » !
Pour la petite histoire, la fortune de Philippe de Belgique serait la moins bien lotie de tous les monarques européens. Elle est estimée à 15 "petits" millions d'euros (2023).
Frederik X, un nouveau roi pour 2024
L'année 2024 a débuté avec un nouveau monarque pour les Danois : Frederik X. Après l'annonce du retrait de la reine Margrethe II lors de ses vœux de fin d'année, l'investiture de Frederik André Henrik Christian a lieu le 14 janvier 2024. Il a alors 55 ans. Le parcours du monarque, alliant amour de l'athlétisme (il aura, en particulier, participé à 3 Ironman), proximité avec le peuple et modernité, lui a déjà fait gagner le respect des Danois.
Frederik X est un roi tatoué (rite de passage de l'unité d'élite de la marine oblige) qui n'a jamais caché sa passion pour la vie nocturne dans sa jeunesse, qui a été assez tumultueuse par ailleurs. Il rajeunit ainsi l'image de la monarchie danoise, un bol d'air frais apprécié par la population et qui pourrait bien marquer un renouveau dans la Maison de Glücksbourg.
Henri de Luxembourg, un monarque discret
Le Luxembourg, Grand-Duché de Luxembourg dans sa forme longue, est une démocratie représentative doublée d'une monarchie constitutionnelle. Au lieu d'avoir un roi comme chef d'Etat ainsi, le pays possède un grand-duc, comme le laisse aisément supposer la forme longue de son nom. L'actuel grand-duc de Luxembourg, Henri, a accédé au trône en 2000 suite à l'abdication de son père, le grand-duc Jean. Il s'agit d'une tradition : dans le Grand-Duché, le monarque lègue le manteau royal de son vivant.
Intronisé à l'âge de 35 ans, Henri, cinquième grand-duc de Luxembourg, est un monarque discret, chose qui n'a rien d'exceptionnel vu que la discrétion a toujours été l'apanage de la Maison de Nassau. On sait ainsi qu'il aime le sport, s'adonnant tant à la voile qu'à l'équitation et au tennis. Il est soucieux de l'environnement, travaille à aider du mieux possible ses sujets dans le besoin, et a à cœur, avec sa femme, de visiter régulièrement toutes les circonscriptions luxembourgeoises pour être proche d'eux. Dans l'absolu toutefois, Henri de Luxembourg n'a aucune prérogative politique et son rôle se cantonne à celui de conseil.
Harald V, un souverain à l'écoute de son peuple
Comme les monarques danois, Harald V de Norvège appartient également à la Maison de Glücksbourg. Sacré roi à 54 ans après le décès de son père en 1991, le souverain a toujours régné avec la devise ancestrale "Tout pour la Norvège" en tête. Proche de son peuple, il met un point d'honneur à publier régulièrement les comptes de la maison royale au nom de la transparence financière, et ouvre annuellement son palais au public.
Le roi Harald V de Norvège est pleinement engagé dans la promotion de la tolérance et de l'ouverture d'esprit ainsi que de l'écologie. A 86 ans néanmoins, et après 33 ans de règne, les ennuis de santé rattrapent le vénérable monarque qui refuse pourtant d'abdiquer. Après sa disparition, c'est le prince Haakon de Norvège, son deuxième enfant, qui prendra sa succession.
Hans-Adams II et ses théories farfelues
Le prince Hans-Adam est l'actuel souverain du Liechtenstein. Né le 14 février 1945, il accède au trône en 1989 à la mort de son père, même si en réalité, ce dernier lui a déjà confié les rênes de la principauté dès 1985. Aujourd'hui, il règne sur 39 000 sujets répartis sur un petit territoire de 160 km².
Le souverain du Liechtenstein se distingue en trois choses. Pour commencer, il y a son amour de l'art, même si, pour être juste, il faut souligner que c'est toute la Maison de Liechtenstein qui en est férue. La famille souveraine a ainsi accumulé une collection privée qu'envierait n'importe quel musée : presque 2 000 tableaux dont plusieurs de grands maîtres (Rubens, Rembrandt, Raphaël, etc.), 600 sculptures, sans compter les esquisses de maîtres (des modelli), des livres, des dessins et plus encore.
Avec une telle collection et plusieurs aïeux au sens acéré des affaires, il n'est également pas étonnant d'apprendre que le prince Hans-Adams II est à la tête d'une fortune estimée entre 9 et 11 milliards d'euros (2023). Cela fait de lui le souverain le plus riche d'Europe.
Enfin, troisième trait particulier : le prince est profondément convaincu de l'existence des extraterrestres. Déjà enfant, il soutient avoir observé une soucoupe volante près de leur château familial. Par la suite, entre 1980 et 1990, il finance avec largesse la recherche sur les OVNIs. Le prince aurait même confié à une sommité être convaincu que des extraterrestres contrôlent nos progrès en matière de conquête spatiale et qu'il considère que la pandémie de Covid-19 pourrait bien être une expérience extraterrestre sur les humains.
Carl XVI Gustaf, un souverain malmené
Carl Gustaf Folke Hubertus, seul garçon et benjamin d'une fratrie de cinq, est l'actuel monarque de Suède. Alors âgé de 27 ans, il succède à son grand-père en 1973, son père étant décédé dans un accident d'avion alors que le futur Carl XVI Gustaf (Charles XVI Gustave en français) n'avait que neuf mois. Son accession au trône est toutefois marquée par la décision du Parlement suédois de dépouiller la monarchie de ses fonctions politiques, réduisant Carl XVI Gustaf à un rôle représentatif. La dynastie régnante de Suède se nomme la Maison Bernadotte.
Le roi de Suède est dyslexique et si le souverain a su dépasser cet état pour terminer ses études, il reste peu à son aise en public. En 2010, la parution d'un livre révélant des éléments gênants sur sa vie, notamment sa supposée assiduité à fréquenter des clubs libertins, entame durement son image. Le roi a dû lutter pour redorer son blason, chose qu'il réussit plutôt bien : en 2023, à ses 50 ans de règne, un sondage a montré qu'il était désormais soutenu par 62 % des Suédois.
William Alexander, le roi pilote de ligne
Enfant, Willem Alexander Claus George Ferdinand van Oranje-Nassau était hyperactif et farceur, perturbant ses gouvernantes et agaçant ses professeurs par ses plaisanteries. Initié à divers sports par ses parents pour canaliser son énergie, l'héritier de la couronne développe une vraie passion pour le vol. Il obtient ainsi sa licence de pilote privé en 1985 (il a alors 18 ans), sa licence de pilote commercial en 1987, et sa licence de pilote militaire en 1994. Pendant plus de 20 ans ensuite, afin de ne pas perdre ses licences mais surtout par passion, le prince puis roi des Pays-Bas a co-piloté incognito des vols commerciaux.
L'enfant terrible accède au trône en 2013 lorsque sa mère, la reine Beatrix, abdique. Il a 46 ans et devient Willem-Alexander (Guillaume-Alexandre en français). Désormais à la tête de l'Etat, il prouve sa maturité en promouvant plusieurs projets de développement technologiques, ou encore en soutenant diverses associations d'aides aux personnes démunies. Cela n'empêche pas quelques couacs durant la pandémie de coronavirus qui ont sérieusement écorné sa popularité.
Willem-Alexander est le tout premier descendant masculin de la Maison d'Orange-Nassau à monter sur le trône des Pays-Bas depuis 1890.
